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« C’est votre premier voyage africain ? » me demande-t-on. Au vu de mon acquiescement un « ah… » vient se greffer sur les lèvres de mon interlocuteur. Cette question, en moins de trois jours, je l’ai entendue plusieurs fois. Car l’Afrique, pour beaucoup de mes interlocuteurs, c’est une vie à part, différente. Pour moi aussi, tel que je me l’imagine. Mais il me faudra encore et encore rompre les cloisons que les Français de l’Ambassade mettent devant sa découverte…
Arrivée, samedi 28 juillet, 18h heure locale, 19h en France (l’heure est en fait l’heure d’hiver française) à l’aéroport de Yaoundé Nsimalen. Je passe la douane par l’entrée « diplomates » (j’ai tenté le coup, ça a marché !) et me voila au Cameroun. Devant moi, beaucoup de monde, aligné. De nombreux camerounais me font signe de les suivre, je refuse d’un signe de tête… Puis j’aperçois une pancarte, portée par un grand homme noir, où sont inscrits mon nom et « ambassade de France » : il n’y a pas trop de doute. Après qu’il a renvoyé les personnes qui se proposaient plus ou moins tranquillement de me faire une escorte, je découvre que deux dames m’attendaient derrière lui : Danièle et Gaëlle. La première, je l’ai vue en photo sur le site de l’ambassade. Plus de 50 ans, une bonhommie rassurante. La seconde est tout aussi sympathique. Je me rends vite compte que le porteur de pancarte est aussi chauffeur pour l’ambassade. Eh oui ! Je vais m’habituer (avec toujours autant de réticences) à ce genre de services…
Après être passé chez moi (eh oui), où je commence à me rendre compte des mœurs des expatriés locaux (chauffeur mais aussi gardiens pour la résidence, jour et nuit…), je retourne chez Danièle qui m’a invité à « grignoter ». Ce grignotage reste mon meilleur repas depuis l’arrivée au Cameroun… servi par Rachèle, la cuisinière de Madame ! La villa est bien entendue gardée, la aussi ! Mon hôte est cependant très sympathique et rassurante… Peu de questions sont sorties de sa bouche à l’aéroport et lors du trajet qui nous ramenait en ville, comme si elle comprenait mon envie (besoin ?) de mutisme à ce moment là. Je me suis d’ailleurs moi même étonné ! Mais j’observais ces habitations de bric et de broc au bord de la route, ces gens, marchant au bord, au milieu de la nuit, ces immenses pancartes financées par le ministère de la santé affichant « Bar the way to AIDS ».
Le lendemain, Alex, qui vit dans le petit immeuble à coté du mien, dans la même résidence et travaille aussi à l’ambassade m’emmène faire des courses à « Mahima », le supermarché du coin, rempli de produits français dont le prix a augmenté par les taxes et frais d’importation. Utile mais pas terriblement local. Ils m’invitent, sa femme et lui, à déjeuner. Je les apprécie beaucoup.
Premier jour à l’ambassade, lundi matin. Je m’y attendais mais, plus sécurisé ya pas ! Cloisons et barbelés autour du parc, agents de sécurité, police française à l’entrée. Mais c’est plutôt logique somme toute…
Je rencontre diverses personnes que je vais apprendre à côtoyer et connaître au fur et à mesure de mon stage : Estelle, la standardiste camerounaise, très souriante et qui m’est déjà de bons conseils ; les secrétaires de la chancellerie diplomatique (en gros c’est le sas de sécurité tout en haut où se trouve l’Ambassadeur et ses premiers conseillers… Il faut un badge supplémentaire pour monter là haut !!!). La vie ici, c’est
Le lendemain, je demande donc à Estelle si elle déjeune autour de l’ambassade, comme la stagiaire précédente, qui s’était liée d’amitié avec elle, m’a conseillé de faire dans le petit mot qu’elle a laissé pour moi. Estelle m’emmène donc dans une case, minuscule et miteuse, à
Cette fin d’après-midi, il fait beau, l’impression de lumière se fera donc plus longue car, ici, il fait nuit peu après 18h30. Je décide donc de me lancer dehors. Je passe le portail de la résidence au moment où un des gardiens termine son service. Il est 18h. Il s’appelle Sébastien, a 22 ans. « C’est pas normal de porter l’uniforme d’une société de sécurité à 22 ans », me dit-il. Très sympathique, il m’emmène jusqu’au distributeur de banque le plus proche. « C’est pas gentil, c’est normal. Je travaille pour vous, c’est la famille. » Je veux de l’argent pour faire quelques courses. Manque (ou coup) de bol, il est fermé. On doit donc en trouver un plus loin. Je finis par me retrouver au second supermarché, près du marché central. La vie grouille ici. Des vendeurs à la sauvette plus qu’ailleurs mais aussi des enfants mendiants. En repartant, Sébastien attrape une petite fille qui réclame une pièce. « Tu veux que je t’emmène ! Arrête ou tu vas prendre le taxi. » La petite fille rit. Il me raccompagne à pieds. Il fait nuit. Je suis ravi.
Samedi, c’est son jour de repos. Il m’accompagnera dans ma visite de Yaoundé.
Mercredi, Estelle m’emmène manger le poisson grillé. Deux femmes le font cuire au bord de la rue/route près de l’ambassade. Pour une misère, on mange avec du manioc et une sauce aux piments et aux herbes. Assis à l’extérieur, le perroquet m’hurlant dans les oreilles, les poules nous traversant les jambes, notre discussion se poursuit, intarissable. Je lui parle de
Le soir, je ressors avec Sébastien. Le retour se fera en taxi cette fois-ci, je suis chargé d’eau et Yaoundé est extrêmement vallonnée. Je ne sais pas comment font ces engins pour rouler mais la côte est vaincue. En tout cas, ils grouillent de partout en ville et créent des embouteillages monstres en s’arrêtant tous les cinq mètres pour cueillir le client avec plus ou moins de succès.
Ah oui, j’oubliais le travail ! Je suis pourtant là pour ça et y consacre majeure partie de mes journées. Je suis en charge des lectures et revues de la presse camerounaise (bientôt en ligne sur le site de l’ambassade). Et, dans ce domaine, il y a à boire et à manger. Du journal officiel, publié par le gouvernement à
Globalement, je suis très content de mon stage, dans lequel je découvre, par l’intermédiaire du papier, un pays. Je nage complètement dans la masse des partis et des tractations qui s’y trament, d’autant que je débarque ici une semaine après les élections législatives et municipales, bien entendu remportées par le Rassemblement Des Peuples Camerounais, parti du président Paul Biya, au pouvoir depuis plus de 25 ans.
En tout cas, je retiendrai de ces premiers jours quelques phrases, des images, des odeurs, toutes aussi prometteuses que les autres ; mais aussi ces Français qui me lâchent un « Bienvenue en Afrique ». Et moi de répondre diplomatiquement : « Merci Monsieur ».
P.S : Quelques photos de mon appartement. Les avantages du diplomate je suppose… Admirez plutôt !
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