samedi 26 janvier 2008

L'avenir sera marketing ou ne sera pas

Loin des thèmes tragico-ennuyeux de mon dernier post, je reviens avec un petit florilège (ô combien loin d'être un aperçu exhaustif de la chose) de slogans en tout genre. Système D régnant en maître, le Cameroun est le royaume des affiches bidouillées, peintes le plus souvent à la main et d'une créativité sans bornes... Aperçu (à compléter dès que j'aurai dégainé mon appareil photo plus souvent dans la rue):

Ce qui peut d'abord faire la différence, c'est le nom qu'on donne à son commerce:


Il y a ensuite les slogans, tous plus inventifs les uns que les autres:

(vous aussi, vous cherchiez la source d'inspiration des conseillers de campagne de notre grand gourou?)


(beaucoup plus tranchant)

(Non, le marketing n'est PAS désintéressé!)

Mais le slogan fait maison et "hand made" embrasse aussi de grandes causes et s'attaque notamment à la santé publique (avec beaucoup moins de finesse, il faut l'avouer):

dimanche 20 janvier 2008

Au Gros Homme, La Patrie Reconnaissante

Jeudi 17 janvier 2008 Yvan-Chrysostome Dolto, dit Carlos, s’est éteint laissant derrière lui une France écrasée par tout le poids… du chagrin.


Carlos c’était mon ami, ton ami, notre père spirituel à tous.


Bien sûr les jaloux, les bien pensants ne se souviendront que de ce triste soir du 6 mai 2007 où, de toute évidence égaré par la maladie, il s’était rendu place de la Concorde pour entonner la marseillaise au côté de Mireille Mattieu et d’Enrico Macias.
Mais cela n’est pas Carlos.


Carlos c’était avant tout ce jongleur de la langue française. Biographe attitré de Toto, il savait aussi composer, dans la lignée de Brel ou de Brassens, de vibrantes chansons populaires, au sens noble du terme, abordant avec légèreté mais sans jamais être vulgaire des thèmes tels que le tourisme sexuel dans Tirlipimpon sur le Chihuahua : « touche mes castagnettes, moi je touche à tes ananas ». Il a été le seul chansonnier français à interpréter avec succès et sans grossièreté une chanson sur son phallus, le fameux «Papayou ».


Fer de lance de l’humour gaulois, inventeur du « dis camion: pouet pouet !» et du « tire sur mon doigt », il était avant tout un grand poète qui a su tout au long de sa vie faire rimer « grâce » avec… « graisse ».


Le chagrin dans lequel sa disparition prématurée nous plonge pourrait peut-être amener certains à se lamenter, et à faire face à la mort avec l’éternelle question : Pourquoi lui ? Pourquoi si tôt ? Pourquoi Carlos ?

Pourquoi pas Bigard ?


Mais cela ne serait pas lui rendre dignement hommage, lui qui a dédié sa vie à nous transmettre sa jovialité, c’est avec le sourire que nous devons lui dire adieu.


Carlos, qui a éclairé ma vie et lui a donné un sens, voici pour toi un dernier big bisou.


lundi 7 janvier 2008

Le merveilleux Royaume du Cameroun

C’est l’histoire d’un Royaume, riche, étendu, voué à un avenir prospère. Sa population est vaillante et travailleuse (non pas « pour gagner plus » mais pour vivre suffisamment bien).

Ce Royaume a un roi, cela semble tout naturel.

Depuis 25 ans, la Cour s’agite autour de lui. On le scrute, patiemment. Ses moindres dires sont l’objet de travaux d’exégètes qui n’en finissent presque jamais de se dire et de se contredire. Ses courtisans sont nombreux, tactiques. Certains arrivent à s’attirer les faveurs du roi et espèrent manger un peu plus du grand gâteau dont ils se sont vus offrir une part.

La population, toujours travailleuse, sent le roi loin, dans son beau Palais de cette colline de la ville. Mais, toujours vaillante, elle avance seule, à côté de ses fastes.

Bientôt, le roi devrait partir. C’est ce qui est écrit dans le beau contrat qu’il a signé voilà dix ans avec ses sujets. Ô bien sûr, il est également écrit dans ce contrat que les sujets sont représentés par une Assemblée supplémentaire que le roi n’a pas encore créé et que des juges seront spécialement nommés pour veiller à l’application dudit contrat, ce qui n’a pas été appliqué non plus.

Alors le roi a décidé encore une fois de parler à ses sujets, sans pour autant leur accorder de lui poser de questions, comme il est de coutume. Il voulait remercier ses sujets fidèles, ceux de son fan club (le roi est moderne), de lui avoir, depuis bientôt deux mois, demandé de rester (des mauvaises langues prétendent que c’est sur sa propre demande) et donc de changer le beau contrat. Et comme le roi n’aime pas contrarier ses fidèles, qu’il confond trop facilement avec ses sujets, il a annoncé son intention de changer le beau contrat, invoquant la « volonté » des sujets, qu’il ne faut jamais contrarier.

La population avait pourtant demandé au roi de partir, il y a 15 ans. Mais, à l’époque, l’ouïe du roi était moins fine, il avait mal entendu et, par précaution, était resté.

Il a bien fait, car la population n’a jamais répété cette « volonté ». Elle est travailleuse et vaillante, mais un peu endormie. Elle s’en sort mal et comprend trop bien pourquoi. Elle sait le Royaume riche, de nombreuses richesses. Elle sait que le roi les distribue. Mais elle sait aussi que ce n’est qu’à ses courtisans, à leurs familles et villages. Elle sait que derrière les beaux contrats se cache des règles qui n’appartiennent qu’au roi et à ceux qui ont eu un jour les moyens de les apprendre. Ces règles-là organisent le partage des richesses et des pouvoirs.

Mais la population travaille, difficilement, sans pour autant contester. Et pour arranger son quotidien, elle se crée également des règles cachées. Elles lui permettent, par exemple de racketter ses frères, alors même que les beaux contrats les interdisent. Et peut être que cela est plus simple pour suffisamment vivre, quand on voit que le grand gâteau est suffisamment grand mais réservé à quelques uns.

Pendant ce temps-là, une nouvelle année commence. C’est à cette occasion que le roi a fait son annonce. C’est aussi à cette occasion que le bal des courtisans se poursuit. La reine est aussi de la partie. Et les courtisans se succèdent, sur l’écran de la télévision de son mari, pendant près de deux heures, pour lui offrir bouquets de fleurs, bises et poignées de main.

La population n’est peut être plus très vaillante, lassée de ce spectacle burlesque. Le dégoût s’est installé, depuis quelques temps déjà.

Mais l’exemple d’une contrée plus à l’Est, où le peuple se déchire, est mis en avant pour mettre en garde la population du Royaume : là bas, certains ont voulu changer de roi et, tous n’étaient pas d’accord. Il vaudrait peut être mieux garder notre roi, alors, veut-on faire croire à la population.

Elle n’est pourtant pas dupe. Elle ne bouge pas mais n’est pas dupe. Elle bouillonne car, pour elle, ne pas avoir de part du grand gâteau, cela signifie simplement subir des coupures d’électricité et d’eau, très fréquemment. Cela veut dire payer des fonctionnaires corrompus pour obtenir le moindre papier administratif, qui autorisera la moindre activité et parfois la moindre liberté.

Et pendant ce temps-là, le roi lui souhaite une bonne année et lui en promet bien d’autres en sa compagnie. Et le bal des courtisans continue. Grotesque et obscène.

J’aimerais pouvoir souhaiter une bonne année aux Camerounais et je le fais, sans grand espoir.

Je vous en souhaite une en tout cas. Qu’elle apporte encore expériences riches et variés aux expatriés actuels et futurs et qu’elle soit riche de bonheur et de projets réalisés et irréalisables pour tous.

Promis, je reviens, plus simplement, avec des récits et photos de voyages très bientôt et je ne vous embête plus avec mes obsessions politiques camerounaises.